Vestige des temps héraldiques, les blasons représentaient une maison, une famille, ou plus généralement toutes collectivités, auxquelles n’échappaient pas les villes. Si le bateau flottant voile au vent sur la Seine est une image bien connue du drapeau parisien, la signification des couleurs – bleu et rouge – qui l’accompagnent, l’est beaucoup moins. Toutes aussi symboliques, elles racontent une part de Paris et de son histoire.
À noter que l’historiographie ne s’est jamais penchée avec passion sur les couleurs représentatives des blasons. D’abord parce que celles-ci sont assez difficiles à appréhender , et que leurs significations ont évolué à travers les âges. Quelques doutes subsistent donc, et les versions peuvent différer concernant Paris. Vous trouverez néanmoins ici la version la plus complète et la plus fiable possible !
La première apparition officielle de ces couleurs
En 1358, en pleine de guerre de Cent ans, le roi Jean le Bon est capturé à Poitiers. Son fils, le futur Charles V, ne peut pas régner officiellement, le Roi n’étant pas mort. Le prévôt des marchands Étienne Marcel va alors profiter de ce moment de flottement dans la gouvernance du royaume pour mener une révolte contre le pouvoir. Ses troupes seront coiffées d’un chaperon bleu et rouge. C’est la première fois que ces couleurs furent officiellement associées à Paris.
La signification
Le bleu, pigment extrêmement cher, était une couleur royale. Rien de plus normal donc, pour les insurgés, que de récupérer la couleur qu’ils combattaient. C’est également la couleur de la Sainte Vierge, pour les mêmes raisons pécuniaires. Un choix qui n’a donc, dans son origine, aucune valeur esthétique, mais qui était, pour le pouvoir royal comme celui religieux, un moyen d’exhiber sa richesse.
Le rouge, quant à lui, évoquait la passion du Christ et le supplice des martyrs. C’est la couleur du sang versé que porte aujourd’hui encore les cardinaux. Une couleur également associée à la noblesse, que portaient les magistrats, lesquels rendaient la justice de droit divin au nom du roi.
En récupérant ces symboles, le bleu et le rouge de Paris ont représenté plus concrètement deux grands personnages parisiens : Sainte Geneviève pour le bleu, sainte patronne de Paris, qui a empêché l’invasion des Huns et contribué à la conversion de Clovis au Christianisme. Saint Denis pour le rouge, premier évêque de Paris et martyr décapité.
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Pendant la révolution française, ces couleurs furent récupérées, mais leurs significations changées (ou oubliées…). Pour symboliser la révolte, les révolutionnaires arborèrent le bonnet phrygien, inspiré de celui qui coiffait les esclaves affranchis de l’Empire romain après leur libération. Un bonnet rouge, symbole de liberté après le sang versé…
Des couleurs très présentes aujourd’hui encore, puisque ce sont le bleu et le rouge de Paris qui ont été associés au blanc royal pour former le drapeau national de France le 15 février 1794. Qu’elles que soient les significations !