Quantcast
Channel: Histoire | Un jour de plus à Paris
Viewing all articles
Browse latest Browse all 81

Petite histoire du ticket de métro parisien

$
0
0

Voué à disparaitre à l’ère du numérique, le ticket de métro est un objet des plus symboliques, représentatif des progrès et évolutions technologiques d’une époque. Icône de voyage, étalon de l’inflation, source d’inspiration créative… Il méritait bien sa petite histoire !

La naissance

Tout commença le 19 juillet 1900 à 13h. Sous une chaleur caniculaire (38°C) , la ligne 1 est inaugurée. Elle permet de relier en 18 stations la Porte Maillot à la Porte de Vincennes en 30 minutes. C’est pourtant dans une certaine indifférence que sera présentée cette innovation au beau milieu de l’Exposition universelle. Il faut dire que Chicago, Berlin et même Budapest avaient déjà leur réseau souterrain !

La toute nouvelle Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) propose 3 tarifs à ses voyageurs : une première classe, une deuxième, et un billet aller-retour. Les enfants de moins de 4 ans ne payent pas « à la condition qu’ils voyagent sur les genoux de la personne accompagnante », et il était défendu « de fumer et de cracher » à l’intérieur des rames. Toujours utile de le rappeler…

17 millions de voyageurs seront transportés jusqu’à la fin de l’année 1900. Un succès !

Le poinçonneur des Lilas

Les tickets sont vendus dans chacune des stations par un bureau avec guichet. Tickets ensuite poinçonnés à l’entrée du quai où se tient un agent, personnel qui sera majoritairement féminin durant la guerre de 1914-1918. Ce système va durer 75 ans, et inspirera l’une des plus jolies chansons françaises !

Le poinçonneur des Lilas, et les autres, disparaitront petit à petit avec l’invention du ticket à bande magnétique (1968) et l’installation de composteurs à tourniquet (1973).

En 1906, un ticket de métro donne accès à plus de 30km de lignes (pour 10km en 1900). Une société a concession par la Ville de Paris d’un nouvel axe Nord-sud, qui fait cruellement défaut. L’actuelle ligne 12 est inaugurée à la fin de l’année 1910, l’inondation historique connue cette année-là ayant ralenti les travaux. La (bien-nommée) société Nord-Sud pratique les mêmes tarifs que la CMP, et les tickets sont valables sur tout le réseau. Elle ne connaîtra jamais l’équilibre financier et sera absorbée par la CMP en 1930.

L’inflation du ticket

La première augmentation du ticket aura lieu en 1919, soit après 19 ans d’existence. À partir de cette date, elle se reproduira de plus en plus fréquemment ! Le ticket coûte alors 20 centimes, celui de première 30 centimes, l’aller-retour 25 centimes. Son prix ne cessera d’augmenter…

Lors de l’Exposition internationale de 1937 à Paris le seuil symbolique de 1 franc est atteint (2de classe). Mais l’éclairage des stations s’améliore, quelques-unes sont garnies de cabine téléphonique, et la fréquentation connait une nouveau record avec 850 000 000 voyageurs. Une diffusion qui donnera des idées aux publicitaires… Les réclames disparaitront dans les années 50.

Collection Grégoire Thonnat

Le ticket et la guerre

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le réseau du métro parisien compte 14 lignes et 160 kilomètres de voies. Quatre stations n’ont jamais été rouvertes depuis 1939 : Arsenal (ligne 5), Champ-de-Mars (ligne 8), Croix-Rouge (ligne 10) et Saint-Martin (lignes 8 & 9). Un ticket qui a connu ses heures sombres, puisque les Juifs avaient interdiction d’acheter un billet première classe et devaient obligatoirement monter dans la dernière voiture. On l’appelait alors « la Synagogue ». Quelques années plus tard, avec la Libération et l’arrivée des Alliés dans la capitale, un ticket spécial pour les soldats sera imprimé.

La modernité

En 1946 un record est atteint avec 1,5 milliard de voyageur ! L’administration prend la décision de supprimer les classes, probablement pour gagner de l’espace dans les rames surchargées, et les rétablit deux ans plus tard. Il sera également essayé un tarif « spécial » pour les dimanches et jours de fêtes. Rapidement abandonné…

De 4 francs en 1946, le ticket 2e classe est à 15 francs en 1951, un an après la création de… la RATP ! La suppression définitive des classes aura lieu en 1991 pour le métro, et 1999 pour le RER.

En 2003, le ticket t, unique, succède aux billets multiples émis par les différents transporteurs. Il permet de prendre le métro, mais aussi le bus et le RER dans sa partie parisienne. Son tarif est de 1 euro. Puis différents tickets amélioreront les connexions, tandis que les forfaits d’abonnements et les applications mobiles ont aujourd’hui révolutionné l’usage de l’objet, et notre rapport à lui.

S’il venait à disparaitre, il fera dans tous les cas éternellement partie de l’histoire.

 

Si vous souhaitez continuer votre découverte du métro parisien, voir l’histoire des bouches de métro Guimard, ou encore la construction du métro et son père fondateur Fulgence Bienvenüe.

The post Petite histoire du ticket de métro parisien first appeared on Un jour de plus à Paris.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 81

Trending Articles