Née à Saint-Louis (Missouri) et décédée à Paris, celle qui avait deux amours, son pays et Paris, fera son entrée au Panthéon le 30 novembre 2021. Devenant ainsi la première femme noire à rejoindre ce temple Républicain. L’occasion de (re)découvrir le destin extraordinaire de cette artiste hors du commun, qui fut espionne, militante, actrice et chanteuse. Une vie bien remplie, en somme…
Une jeunesse mouvementée
Née Freda Josephine McDonald, à Saint Louis, dans le Missouri (États-Unis), sa véritable filiation reste aujourd’hui encore incertaine. Son père officiel, Eddie Carson, quitta la famille un an après sa naissance. Élevée dans la pauvreté, et avec rigueur, elle fut placée à 8 ans comme domestique dans une famille blanche. Maltraitée, elle s’enfuit, et commença à apprendre à danser dans les rues du Saint-Louis noir, inspirée par la scène afro-américaine Jazz et Blues qui déferlait dans tout le pays, et dont Kansas City, à quelques 400 km de sa ville natale, était l’une des places fortes.
À 12 ans, Joséphine avait quitté l’école, dormait dans des cartons et tentait de gagner sa vie comme danseuse de rue. En février 1920, alors âgée de 13 ans, elle se marie une première fois. Une union qui ne dura qu’un an. Elle se maria à nouveau à 15 ans avec William Howard Baker, de qui elle se séparera deux ans plus tard pour poursuivre sa carrière à Paris. Elle gardera néanmoins son nom. Josephine McDonald devient Joséphine Baker
De Broadway aux Folies Bergère
Joséphine Baker intègre dans les années 1920 une compagnie de Music-Hall, les Dixie Steppers, qui tourne dans le sud des États-Unis. Entrée comme simple costumière, elle fait ses premiers pas sur scène en remplacement d’une danseuse blessée. En 1922, elle intègre la troupe de la comédie musicale Shuffle Along, premier spectacle intégralement interprété par des artistes noirs. Elle fut jouée à 504 reprises à Broadway et rencontra un vif succès.
À Paris, le théâtre des Champs-Élysées cherche un nouveau souffle. L’esthétique “nègre” est à la mode pendant les Années Folles, et le peintre Fernand Léger conseille à l’administrateur du théâtre de monter un spectacle entièrement exécuté par des Noirs. Vingt-cinq artistes, dont le musicien Sidney Bechet et la danseuse Joséphine Baker, sont appelés à Paris. C’est la fameuse Revue Nègre.
Jouant sur les clichés de la femme noire “sauvage”, le succès de Joséphine Baker tient autant à ses tenues qu’à ses excentricités. Son corps qui se déploie aux rythmes de danses encore inconnues en France – en particulier le charleston – et ses grimaces passionnent le public en quête de folklore. Elle intégrera les Folies Bergère, qui feront sa gloire, à l’âge de 20 ans.
La résistante amoureuse de la France
Une facette moins connue de l’artiste est sa participation dans la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale. La star de cabaret profita des réceptions auxquelles elle était conviée dans les ambassades européennes pour recueillir de précieux renseignements pour le contre-espionnage. Elle fuit la France en 1940 et intègre en Afrique du Nord la résistance française, où elle jouera de ses relations pour obtenir des passeports pour les Juifs fuyant le nazisme.
Après le débarquement, la chanteuse donnera des concerts près du front pour les soldats comme pour les civils, et se produira après mai 1945 en Allemagne devant des déportés libérés des camps de concentration. Elle reçut la médaille de la Résistance en 1946.
La militante amoureuse de Paris
Si ses spectacles ont suscité de la part de l’Église ou de milieux conservateurs de vives critiques, teintées de racisme, Joséphine Baker a toujours loué dans son pays natal l’ouverture d’esprit et la tolérance françaises.
Le 28 août 1963, elle participa à la marche des droits civiques de Washington, rendue célèbre par le discours de Martin Luther King, et prit la parole devant 250.000 personnes pour vanter, notamment, l’accueil à Paris des artistes afro-américains. Une ode à la liberté dans un pays touché par le ségrégationnisme, qu’elle combattait depuis de nombreuses années. Lors d’un concert en Floride en 1951, elle avait imposé dans son contrat que tout le monde soit admis dans la salle. Ce fut la première fois que les Noirs purent entrer dans les cabarets chics de Miami.
La femme amoureuse des hommes
Joséphine n’avait pas un amour exclusif pour sa patrie, ni sa capitale… Son succès lui a attiré de nombreux admirateurs (et autant d’amants…), et elle aurait reçu dans sa vie plus de 1.500 propositions de mariage !
Elle en accepta tout de même cinq. Après ses deux mariages américains de jeunesse, elle épousa en 1935 un riche courtier, Jean Lion, et obtint ainsi la nationalité française. Elle se maria à nouveau en 1947 avec le compositeur et chef d’orchestre Jo Bouillon, qui l’accompagnait depuis de nombreuses années dans ses tournées. Ils achetèrent ensemble le Château des Milandes, en Dordogne, et y élevèrent douze enfants, tous adoptés et de nationalités différentes, symbole de l’harmonie entre les races humaines. Plus prosaïquement, une hystérectomie (acte chirurgical qui consiste à enlever l’utérus) l’avait empêchée de tomber enceinte. Elle épousa enfin Robert Brady, artiste américain dont elle se sépara au bout d’un an seulement, peu avant sa mort.
L’amie des animaux
Enfin, comment évoquer Josephine Baker sans son guépard ! Chiquita lui aurait été offert par Henri Varna, directeur du Casino de Paris, au début des années 1930. La bête accompagna Joséphine Baker aux quatre coins du monde, et faisait partie intégrante de son show. Elle la laissait même déambuler librement dans la fosse d’orchestre, terrifiant les musiciens pour le plus grand amusement des spectateurs. Elle était également accompagnée d’une chèvre, qu’elle aurait baladée à plusieurs reprises dans Paris tenue en laisse.
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